Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/323

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Les peuples sont soumis à des évolutions déterminées par des lois précises, dont il leur est impossible de s’affranchir. C’est cependant un des traits particuliers de notre psychologie nationale que la croyance à la toute puissance des révolutions, des réformes a priori.

« Nous croyons, écrit M. Fouillée, qu’il suffit de proclamer des principes pour en réaliser les conséquences, de changer d’un coup de baguette la constitution pour métamorphoser lois et mœurs, d’improviser des décrets pour hâter le cours du temps. Article I, tous les Français seront vertueux ; article II, tous les Français seront heureux. »

L’expérience a largement confirmé la règle précédemment établie : que l’éducation ne saurait être efficace lorsqu’elle ne se trouve pas en rapport avec les habitudes héréditaires de l’élève.

Dès lors comment éduquer utilement les indigènes ? Nous devons nous occuper surtout de leur instruction.

Celle-ci ne porte ses fruits qu’autant qu’elle est convenablement adaptée à la mentalité de l’élève. À un peuple inférieur, une instruction élémentaire peut seule convenir. On ne se pénètre pas assez de cette vérité qu’il y a des peuples adultes et des peuples en bas âge, et que c’est seulement à la suite d’une longue évolution que les peuples de la dernière classe pourront monter à la première. Si l’on tient compte, en outre, des différences fondamentales qui, à degré égal de civilisation, séparent les peuples au point de vue