Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/333

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ment préparés au rôle d’éducateurs qu’ils devraient remplir. Le premier moyen de les y préparer consisterait à leur enseigner ce rôle, dans toutes les écoles militaires, à l’École supérieure de Guerre surtout. Le second, fort supérieur au précédent, est d’obliger tous les futurs officiers, ainsi d’ailleurs qu’on le fait à peu près maintenant, à servir d’abord comme simples soldats pendant un an. C’est uniquement en vivant parmi les hommes qu’ils réussiront à comprendre leur psychologie. Dans le rang, ils apprendront d’abord à obéir, seule façon d’arriver ensuite à commander.

Aujourd’hui, nos officiers ne saisissent pas encore très bien leur rôle d’éducateurs. Et, pour qu’il ne reste aucun doute sur ce point, je vais reproduire quelques passages des conférences faites à l’École de Saint-Cyr, avec approbation du ministre de la Guerre, par un professeur à cette École, M. Ebener. Elles sont exagérées peut-être mais pleines de très graves enseignements.

Le service obligatoire, en faisant passer toute la nation par les mains de l’officier, a grandi dans la mesure la plus large son rôle d’éducateur.

La préparation du corps d’officiers à ce rôle, sa formation morale, intéressent donc la société tout entière.

Il ne la remplit qu’imparfaitement, parce que, s’il y est apte, il n’y est nullement préparé, et que l’idée de sa mission sociale ne tient presque aucune place, ni dans son éducation, ni dans l’exercice de sa profession.

Nous sommes seuls à ne pas nous apercevoir que nous avons à côté de notre rôle de préparation à la guerre, à remplir une mission sociale d’une importance capitale, et qu’il nous appartient de contribuer à l’éducation de la démocratie. De là ce malentendu entre les classes intelligentes et le corps d’officiers, malentendu qu’il serait puéril de nier…

On pourrait s’attendre à retrouver dans le peuple la trace d’une influence heureuse et durable exercée par l’officier sur les