Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/46

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notre Université frappe d’ailleurs les étrangers qui ont visité nos établissements d’instruction et assisté à quelques leçons. M. Max Leclerc cite à ce propos un article de la Revue Internationale de l’Enseignement, où se trouve consignée l’opinion d’un professeur étranger ayant visité, à Paris et en province, nombre de nos établissements d’éducation. Il « a rencontré beaucoup d’hommes instruits… très peu de professeurs et d’éducateurs ». Quant au personnel de proviseurs, censeurs, principaux, il l’a trouvé « peu éclairé, prétentieux, maladroit et étroit d’esprit ».

Ce n’est pas d’aujourd’hui seulement que des critiques analogues ont été formulées. Il y a quarante ans, M. Bréal, professeur au Collège de France, écrivait les lignes suivantes sur notre corps enseignant :

Le corps universitaire était, en 1810, à peu près l’expression des idées de la société. En 1848, il était déjà si arriéré qu’un observateur étranger pouvait écrire : « Le corps des professeurs en France est devenu tellement stationnaire, qu’il serait impossible de trouver une autre corporation qui, en ce temps de progrès général, surtout chez la nation la plus mobile du monde, se maintienne avec autant de satisfaction sur les routes battues, repousse avec autant de hauteur et de vanité toute méthode étrangère, et voit une révolution dans le changement le plus insignifiant.»

À quoi tient l’insuffisance pédagogique incontestable des professeurs de notre Université ? Simplement, je le répète encore, aux méthodes qui les ont formés. Ils enseignent ce qu’on leur a enseigné, comme on le leur a enseigné.

Que peuvent valoir, pour l’instruction et l’éducation de la jeunesse, les professeurs préparés par les principes universitaires, c’est-à-dire par l’étude exclu-