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Page:Le Bon - Psychologie des foules, Alcan, 1895.djvu/84

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PSYCHOLOGIE DES FOULES

puissance de la race est telle qu’aucun élément ne peut passer d’un peuple à un autre sans subir les transformations les plus profondes[1]. Le milieu, les circonstances, les événements représentent les suggestions sociales du moment. Ils peuvent avoir une influence considérable, mais cette influence est toujours momentanée si elle est contraire aux suggestions de la race, c’est-à-dire de toute la série des ancêtres.

Dans plusieurs chapitres de cet ouvrage, nous aurons encore occasion de revenir sur l’influence de la race, et de montrer que cette influence est si grande qu’elle domine les caractères spéciaux à l’âme des foules ; de là ce fait que les foules de divers pays présentent dans leurs croyances et leur conduite des différences très considérables, et ne peuvent être influencées de la même façon.


§ 2. — LES TRADITIONS

Les traditions représentent les idées, les besoins, les sentiments du passé. Elles sont la synthèse de la race et pèsent de tout leur poids sur nous.

Les sciences biologiques ont été transformées depuis

  1. Cette proposition étant bien nouvelle encore, et l’histoire étant tout à fait inintelligible sans elle, j’ai consacré dans mon dernier ouvrage (Les Lois psychologiques de l’évolution des peuples) quatre chapitres à sa démonstration. Le lecteur y verra que, malgré de trompeuses apparences, ni la langue, ni la religion, ni les arts, ni, en un mot, aucun élément de civilisation, ne peut passer intact d’un peuple à un autre.