Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/159

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— Je le jure par les sept douleurs de la Vierge-Mère !

Avant le premier coup de minuit, Grida était au rendez-vous. Elle y trouva le recteur, qui lisait dans son livre noir, à la clarté de la lune. L'heure sonna. Le prêtre ferma son livre, fit le signe de la croix, et appela par trois fois Noëlik Lenn. Au troisième appel, la tombe s'entr'ouvrit : Noëlik apparut, debout. Il était tel que de son vivant, si ce n'est que sa figure était toute triste et que sa peau était couleur de la terre.

— Voici votre fils, Grida, dit le recteur.

Grida s'était prosternée, pour attendre, derrière un genêt qu'elle avait fait planter au pied de la tombe. A la voix du prêtre, elle se releva et alla vers son fils, lui tendant les bras. Mais ilTécarta du geste.

— Ma mère, prononça-t-il, nous ne devons plus nous embrasser*, avant le jour du dernier Jugement.

Il se pencha pour cueillir une branche à la touffe de genêt.

— Quoi que j'exige de vous, vous avez juré de vous y soumettre.

— C'est vrai, j'ai juré, répondit Grida.

— Prenez donc cette branche de genêt et fouettez-moi de toutes vos forcesé

l.Dans des contes irlandais (Contes et légendes (Tlrlandei p. 105 ; Kennedy, Fireside stories of Ireland, p. 61-62) un homme qui revient d'un château enchanté et rentre chei ses patents ne doit ni donner ni recevoir de baiser ;