Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/199

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Quelquefois il parvenait à s'emparer du bout du bâton.

— Allons ! Vieux, lâche donc, disait Thérèse. C'est pour les petits !

Et elle tirait, elle tirait sur l'autre bout.

— Oui ! Oui ! ricanait le Vieux.

Et il se raidissait si fort que ses vieilles joues flasques et jaunes en devenaient toutes rouges, toutes gonflées.

Puis, brusquement, il lâchait tout. Thérèse qui ne s'y attendait point, tombait à la renverse. Et le Vieux de rire, de sa petite voix flûtée, de sa petite voix grêle :

— HilHilHi ! Hu !Hu ! Hu ! C'était un drôle de Vieux.

Il arrivait souvent que Thérèse ne retrouvait plus ses vaches dans le champ où elle les avait menées, le matin, ni ses porcs dans les garennes^ où elle les avait lâchés.

— Allons ! c'est encore un tour du Vieux, pensait la petite servante.

Elle faisait mine de chercher, pendant quelque temps, grimpait sur les talus pour voir plus au loin, puis sautait à bas, dans le champ ou dans le chemin, en criant à haute voix, avec une moue de dépit :

— Que sont encore devenues ces vilaines bêtes ? Ce manège lui réussissait toujours. Un éclat de rire

chevrotant sortait soudain d'une toufl'e de genêts ou

1. Garennes y chemins ruraux généralement assez mal entretenus et coupés do mares.