Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/221

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— C'est curieux ! Elle n'a rien et ne veut pas marcher. C'est comme si elle boudait. Ces machines ont quelquefois leurs humeurs, tout aussi bien que les personnes. Pour celle-ci, il n'y a qu'à attendre que ça lui ait passé.

Et là-dessus, il se retira.

Des jours, des semaines s'écoulèrent. L'horloge demeurait toujours immobile et muette dans sa gaîne de bois sculpté. Elle boudait, effectivement, pour de bon. Et, comme chacun était accoutumé à régler ses démarches d'après ses indications, tout allait un peu de travers dans la ferme, depuis que son timbre se taisait. Il n'y avait plus d'heure fixe ni pour les travaux, ni pour les repas. Les maîtres étaient fort ennuyés et les domestiques ne l'étaient pas moins.

Mais voilà qu'un soir la servante eut une idée soudaine. Comme il n'y avait pas d'autre femme dans la maison» c'était à elle qu'il incombait de réciter les « grâces » avant le coucher. Or, ce soir-là, au moment où elle allait faire le signe de croix final, elle dit tout à coup :

— Il y a bien longtemps, il me semble, que le nom du vieux Quiniou n'a pas été prononcé sous ce toit. Une prière en sa faveur ne serait peut-être pas de trop.

— C'est vrai, convinrent les neveux. Nous l'avons un peu mis on oubli. Ajoute un De profundis à son intention.

Et ils plièrent de nouveau les genoux, ainsi que leurs gens. Et il se passa alors une chose surprenante. A peine la servante avait-elle commencé le De pro-