Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/242

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— Que dis-tu là, mon enfant ? Je ne suis pas ton père.

— Ne parlez pas ainsi : les autres ne le savent pas, mais moi je le sais.

Jean Carré se mit à rire.

— Tenez ! reprit l'enfant, vous avez à la joue une fossette toute semblable à la mienne. Je la vois bien, malgré votre barbe.

La femme de chambre n’était pas intervenue dans ce colloque. Mais la dernière remarque de l'enfant l'avait frappée.

— Maman ! s’écria le petit Iannik en rentrant au château, maman ! j’ai vu mon père,

— Hélas ! mon enfant, il y a plus de deux ans que ton père est mort.

— Mon père n’est pas mort. Vous pouvez me croire, quand je vous affirme qu’il est bien vivant.

— Je l’affirmerais volontiers moi-même, prononça la femme de chambre. Elle raconta à sa maîtresse ce qui s’était passé dans la forêt. La princesse en fut toute troublée. Elle n’avait pas cessé d’aimer Jean, mais elle avait une peur mortelle que tout ceci ne fût qu’un leurre. Elle alla trouver la marraine et en causa avec elle.

— Faisons toujours venir l’ermite, dit la marraine. Jean fut mandé au château. Il y arriva, les yeux baignés de larmes.

— Pourquoi pleurez-vous ? lui demanda-t-on.

— Je pleure de joie. On a bien raison de dire que c’est sur les lèvres des enfants que Dieu a mis la meilleure des sagesses.