Les personnes qu’on est obligé de conjurer sont presque toujours des riches dont les biens ont été mal acquis, des tuteurs qui ont accaparé les deniers de leurs pupilles ; bref, des gens qui ont volé et qui ont à restituer.
Les âmes qu’il faut encercler et conduire au Youdic 2, ce sont celles des gens qui ont mené une vie de désordres [An dud direiz). Aussi n’y a-t-il guère là-bas que des nobles et des bourgeois, des désœuvrés et des riches : les paysans, eux, ont assez de peine à gagner leur vie pour ne se tenir pas tranquilles après leur mort.
Leurs âmes sont condamnées à errer, jusqu’à ce que le tort qu’elles ont fait ait été réparé de quelque façon. Elles sont hargneuses et méchantes. Elles rôdent sans
1. Cf. R.-F. Le Men, Traditions et superstitions de la Basse-Bretagne, Revue celtique, t. I, p. 424.
2. Voir ci-dessous, p. 316.