Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



passage attirait sur le seuil des portes et qui paraissaient fort intrigués de ce que pouvait bien être ce soldat, traînant ce chien.

Le troisième jour, vers midi, il entrait chez le recteur de Commana’, tout là-haut, là-haut, dans les monts d’Arez.

«- Sauf votre respect, Monsieur le recteur, voici un chien...

C’était la treizième ou quinzième fois qu’il prononçait cette phrase. Il en était arrivé à la débiter du ton piteux dont un mendiant implore l’aumône.

Le recteur de Commana l’interrompit :

— Je sais, je sais. Fais-toi servir un verre de cidre à la cuisine. Il faudra que tu sois en état^ ce tantôt, de me donner un bon coup de main, car la bète n’a pas Tair commode.

— Si c’est pour me débarrasser d’elle, enfin, s’écria Jobic, n’ayez pas peur, je vous vaudrai un homme !

— Tiens-toi prêt dès que je te ferai signe. Mais il faut attend/’e le coucher du soleil...

— A la bonne heure, pensa Jobic Ann Dréz, voilà un langage que je comprends.

Il n’y comprenait pas grand’chose, à vrai dire, sinon • que le plus dur restait à faire, mais aussi que, cela fait, il serait libre.

Au coucher du soleil, il s’entendit héler par le recteur.

1. D’après une autre tradition, c’est le recteur de Saint-Rivoal qui accompagne en dernier lieu le meneur d’âme (A. Le Braz, Les saints bretons dans la tradition populaire ; Annales de Bretagne, t. VIII, p. 225-226).