Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/357

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


— Comment ! les chevaux se mettent à parler maintenant.

— Je suis cheval aujourd'hui !... Mais de mon vivant j'étais une femtne, Regarde mes pieds et tu verras.

Jean-René regarda et vit en effet que la bète avait des pieds humains, de jolis pieds fins et menus comme ceux d'une femme.

— Jésus, mon Dieu ! fit-il, quelle espèce d'homme est-ce donc qui te monte ?

— Ce n est pas un homme, c'est le diable ! -Oh !

—11 s'est arrêté ici, pour aller quérir au manoir Tâme d'une jeune fille qui vient de trépasser. Il la met, en ce moment, dans le sac que tu l'as vu prendre et tout à l'heure il l'emportera en enfer. Tu peux t'at-tendre à semblable destin, si tu n'as déguerpi avant qu'il nous rejoigne...

Jean-René n'en entendit pas davantage. Il avait déjà pris sa course vers le Faouoù il arriva hors d'haleine. Il fut trois jours sans pouvoir parler. Ce n'est que le quatrième soir qu'il trouva la force de raconter aux siens son aventure.

(Conté par Nanna Gostalen. — Le Faou, 1886.)