Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


— Sais-tu qui étaient ces femmes ?

— Des âmes défuntes, sans doute.

— Oui : des âmes de mères, d'épouses, de fiancées, en quête de leurs proches ou de leurs galants noyés à Islande*. Elles cherchaient leurs cadavres pour les pousser au rivage et leur faire donner la sépulture en terre bénite... Je demeurai bien coi. Si j'avais ouvert la bouche ou fait un geste, je ne serais pas ici à l'heure qu'il est. Imite mon exemple, Laur, chaque fois que tu te trouveras en des passes analogues. G^est le plus sûr.

... Le lendemain matin^ le capitaine réunit l'équipage et lui défendit de s'approcher à l'avant, sauf le cas de nécessité absolue.

Les hommes parurent surpris de cet ordre. Mon frère et moi nous savions à quoi nous en tenir. (Conté par LaurMainguy. -- Port-Blanc.) •

Lorsque des pêcheurs trouvent en mer le cadavre d'un noyé, ils rattachent à la remorque derrière le bateau. Si, en route, le corps entraîné parles remous vient se ranger le long du bordage, c'est signe, ou bien que Tembarcation est destinée à sombrer à bref délai, ou, à tout le moins, qu'un des hommes de l'équipage ne tardera pas à mourir noyé.

1. J'ai entendu raconter pareille chose, dit Jeanne Bénard qui assistait à la veillée. Seulement lésâmes défuntes étaient celles de femmes légères que les matelots avaient embarquées pour s'amuser d'elles une nuit ou deux, et dont ils s'étaient ensuite débar-rï^ssés en les précipitant à la mer.