Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/11

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naturel, maladie, mort ou tempête, qui vient tout de suite à l’esprit, est une explication d’ordre surnaturel ; c’est l’Ankou qui frappe de sa faux les vivants et les emporte sur son char à l’essieu grinçant ; c’est le fiancé mort qui est venu, la nuit, chercher, dans la maison de son père, sa fiancée qu’on a trouvée morte au cimetière. On raconte, avec la même bonne foi et la même sincérité, qu’un homme a été tué par un arbre qui s’est abattu sur lui ou qu’il est mort parce qu’on l’avait voué à saint Yves de la Vérité.

Aussi ces légendes n’ont-elles pas le caractère mythique de bon nombre de contes recueillis par M. Luzel et ne sont-elles pas non plus de ces récits merveilleux destinés à amuser les heures vides des veillées, qu’on se raconte, au coin d’un feu d’ajoncs secs, en teillant du chanvre sous le manteau des hautes cheminées des fermes. C’est la relation d’événements que l’on croit réels, qui se sont passés en un pays que l’on connaît bien, souvent même où l’on vit, et où ont été mêlés, comme acteurs ou spectateurs, des gens que l’on a vus, à qui on a parlé, et qui parfois même sont des voisins ou des parents. Un grand nombre de ces légendes sans doute ont été recueillies plus loin de leur lieu d’origine, et elles se sont très probablement enri-