Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/254

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— Oh ! ne faites pas les étonnés, reprit-elle. C’est vous qui avez jeté ce drap sur le catafalque et c’est vous aussi qui avez allumé les cierges. On ne m’attrape pas avec de la glu.

— Katic, dit l’aubergiste, non seulement nous n’avons pas été à l’église, mais nous ne sommes même pas entrés au cimetière.

— Vous verrez que ceci tournera mal ! fit, de son lit, la maîtresse de la maison qui était allée se coucher. Couchez-vous près de moi, Katic, et demain, si vous m’en croyez, vous vous rendrez au confessionnal.

L’aubergiste emmena les deux jeunes hommes dans sa chambre ; Katic partagea le lit de sa maîtresse.

Elles ne dormirent ni l’une, ni l’autre. Chaque fois que Katic essayait de tirer les draps à elle, des mains invisibles la découvraient. Elle commençait à regretter son équipée. Elle attendait le jour avec impatience. Dès qu’il parut, elle se leva et courut à l’église. Le recteur était dans la sacristie, en train de revêtir son aube pour la première messe.

— Monsieur le recteur, supplia-t-elle, veuillez me confesser sur-le-champ.

Le prêtre la fit agenouiller dans la sacristie même. Elle lui confia, sans omettre aucun détail, tous les événements de la nuit.

— À quelle heure, ma fille, demanda-t-il, avez-vous remarqué que le porche était ouvert ?

— Il pouvait être minuit, ou proche.

— Trouvez-vous donc au même lieu, ce soir, à minuit. Vous rapporterez le linceul, et vous aurez soin