Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/277

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gnait avec colère quelqu’un, tout là-haut, dans les landes maigres qui dominent les petites maisons éparses des pêcheurs. À sa base, il portait une entaille profonde.

Une des femmes qui étaient là parla ainsi :

— C’est le doigt de la bague : on la lui a volée, et il la réclame.

— Réenfouissons toujours cette main, répondit un des hommes.

Et il la recouvrit de sable.

L’assistance se dispersa, en échangeant mille commentaires. Quand ceux qui étaient partis en mer rentrèrent, le soir, on leur conta la chose. Ils furent de l’avis commun : cela sentait le sacrilège.

On s’endormit fort tard dans les chaumières, et l’on dormit mal.

Au petit jour, les plus impatients coururent au cimetière des noyés. De nouveau, le doigt fatal se dressait sur le sable lisse.

— Voyons voir jusqu’au bout, dirent-ils.

Et ils réenfouirent le doigt, la main, tout, comme on avait fait la veille. Puis ils allèrent quérir çà et là d’énormes galets et des quartiers de roches qu’ils entassèrent par dessus.

Oui, mais deux heures plus tard le doigt reparaissait ; les pierres semblaient s’être écartées d’elles-mêmes, respectueusement, et formaient cercle à distance.

Alors, on eut recours à d’autres moyens. Le recteur de Penvénan, accompagné d’un chantre et d’un enfant de chœur, vint conjurer le mort, en l’aspergeant d’eau bénite.