Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/401

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mon filleul s’engage en qualité de simple matelot. Je tiens à ce que tu passes d’emblée capitaine. Tu choisiras toi-même ton équipage.

Quoique Jean Carré n’eût pas beaucoup travaillé au collège, il en savait cependant assez pour être reçu capitaine. Il prit son brevet, en attendant que le navire fût lancé.

Le jour du lançage, Jean Carré dit à celle qui avait toujours été si bonne pour lui :

— Vous êtes ma marraine. Soyez aussi la marraine de mon bateau.

On inscrivit donc sur l’arrière du bâtiment le nom de Barbaïka. Car ainsi s’appelait l’excellente femme.

Je ne vous dirai point si le navire était une goélette ou un trois mâts. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il faisait honneur au chantier d’où il était sorti. De même, il pouvait se vanter d’avoir en Jean Carré un capitaine comme il s’en rencontre peu.

Voilà les voiles au vent et la Barbaïka en pleine mer. Dieu lui donne heureuse traversée !

Jean Carré avait résolu de faire dans la Méditerranée une campagne de deux ans.

Pendant les seize premiers mois, tout se passa à merveille. Beau temps, belle mer, bonne brise.

— Ce n’est pas le tout, dit un jour le jeune capitaine à son équipage. Vous devez avoir hâte de revoir le pays. Nous allons maintenant mettre le cap sur la Basse-Bretagne.

Ainsi fut fait.

Déjà la terre bretonne s’élevait à leurs yeux du fond de l’horizon.