Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/407

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— Embrassez-moi aussi ! s’écria le roi.

— Du diable, fit Jean Carré, si je m’attendais à avoir de la famille dans la ville de Londres !

Il n’en embrassa pas moins le roi et la reine.

Puis il leur raconta comment il avait acheté leur fille à un pirate, et comme quoi il en avait fait sa femme.

— Tout est bien, dit le roi, du moment que notre fille est vivante. Voici plus de deux ans que nous la pleurions comme morte. Ça, mon gendre, vous allez passer quelque temps auprès de nous, afin que nous fassions plus ample connaissance. Je veux que vous logiez dans mon palais. Votre second vous remplacera dans le commandement du navire. Je me charge de l’entretien de l’équipage.

— Soit ! répondit Jean Carré. Et il suivit au palais ses beaux-parents. Deux mois durant, il mena large vie. Le roi tint à honneur de lui faire visiter tout le royaume, et pas à pied, je vous le promets.

Un jour qu’ils arrivaient dans une grosse bourgade, ils trouvèrent les rues pleines de monde.

— Que signifie tout ce rassemblement de peuple ? demanda Jean Carré.

Ils s’avancèrent jusqu’au cœur de la foule. Un spectacle horrible s’offrit à eux. Deux robustes gaillards traînaient un cadavre, en le tirant chacun par une jambe. La tête du supplicié sonnait sur le pavé, sourdement. La populace lui jetait de la boue, à poignées.