Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/427

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— Il pleut donc à verse que vos hardes sont trempées à ce point ?

Notez qu’il faisait nuit d’étoiles, sans un nuage, mais la jeune fille avait la tête si troublée depuis son aventure du jour qu’elle ne savait même plus la couleur du temps.

— Approchez-vous du foyer, marraine, reprit-elle, je vais rallumer le feu.

La pauvresse s’assit sur un escabeau qui était dans le coin de l’âtre. Mais elle continuait de grelotter, malgré la flambée d’ajonc sec que venait d’allumer la servante. Et, tout en grelottant, elle gémissait, gémissait :

Iaou, ma Doue !.. Iaou… Iaou… ma Doue, couscoude ! (Hélas ! mon Dieu !… Hélas !… Hélas ! Mon Dieu, cependant !)

— Par le Sauveur, supplia la jeune servante, ne vous lamentez pas ainsi ! Le maître couche dans le lit que voilà, et il s’est endormi, ce soir, sur son mécontentement. Si vous le réveillez, il ne fera pas bon ici pour vous.

Elle achevait à peine de parler ainsi, à voix basse, que le maître se réveillait.

— Que signifie ce feu ? cria-t-il.

Il ne pouvait apercevoir la vieille mendiante qui occupait précisément le coin de l’âtre situé à la tête du lit. Il eût fallu, pour qu’il la vît, qu’il se penchât au dehors. De quoi il n’avait nulle envie, attendu qu’il était un peu gourd, ayant festoyé dans la journée.

Il répéta toutefois sa question, mais déjà rendormi à moitié :