Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/429

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le recteur lui dit :

— Soyez en paix ! Tout ceci s’éclaircira, car tout ceci s’est fait avec le consentement de Dieu. La bonne femme reviendra vous visiter. Attendez-la, et, comme hier, recevez-la du mieux qu’il vous sera possible.

La pauvrette s’en retourna chez elle, réconfortée.

Le soir même, la prédiction du recteur s’accomplit. La « groac’h » reparut. La servante avait eu soin de lui préparer un grand feu dont tout l’âtre rayonnait. Comme la veille, la mendiante, à peine assise, se mit à gémir, seulement elle ne grelottait plus, ses haillons étaient presque secs, et ses gémissements mêmes étaient moins lugubres à entendre.

La jeune fille se sentait avec elle plus à l’aise ; toutefois elle ne dormit pas plus que la nuit précédente, et, à l’aube, elle se rendit de nouveau près du recteur.

— Ce soir, dit celui-ci, vous verrez encore arriver la morte. Ce sera la troisième fois. Vous aurez acquis le droit de l’interroger. Demandez-lui pourquoi ses vêtements étaient si trempés avant-hier. Je suis sûr qu’elle vous donnera l’explication de tout.

C’était un homme de bon conseil que ce recteur, et qui savait, comme pas un, son métier de prêtre.

Cette fois, la servante alluma sur le foyer un vrai feu de Saint-Jean. À l’heure accoutumée, elle vit entrer la vieille, et la vieille prit place sur l’escabeau, à l’angle de la cheminée, non seulement sans grelotter, mais encore sans gémir.

La servante entama la conversation :

— Seigneur Dieu béni ! Vous voilà en meilleur état,