Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/486

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n’osaient se risquer au large. Même calfeutré chez soi, à l’intérieur des maisons, on tremblait la fièvre d’épouvante. Comme des mèches de cheveux arrachés, des touffes de chaume s’envolaient des toits. C’était un terrible vent ! Il s’engouffrait par le tuyau des cheminées, comme une voix de géant en colère. On ne comprenait pas très bien ce qu’il disait, mais il avait certainement des mots rudes, pareils à ceux d’un homme qui gronde. Pour exorciser la princesse, cause de tout ce vacarme, on avait fait célébrer plus d’une messe noire à Notre-Dame de Port-Blanc, par les prêtres réputés les plus habiles. Peine perdue. Tous les sept ans, c’était même bruit sauvage, même fureur déchaînée. On avait fini par en conclure qu’il n’y avait, ni de la part des hommes, ni de la part de Dieu, aucun moyen de tranquilliser la princesse et de la rendre inoffensive.

Sur ces entrefaites, une pauvresse de la côte gagna un soir l’île du Château, à l’intention d’y pêcher des ormeaux (haliotides), à la basse marée de nuit.

Elle dut attendre quelque temps que les roches fussent découvertes.

N’ayant rien de mieux à faire, elle se mit à égrener son chapelet, car c’était une femme dévote et qu’à cause de cela on avait surnommée dans le pays Fantès ar Pedennou (Françoise-les-Prières).

Elle en était au troisième dizain, quand, tout à coup, s’étant retournée par hasard, elle vit, à la place de l’énorme rocher qui domine l’îlot, une chapelle haute et grande comme une église de canton, et dont les vitraux étaient splendidement éclairés.