Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/510

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— Je suis cheval aujourd’hui !.. Mais, de mon vivant j’étais une femme. Regarde mes pieds et tu verras.

Jean-René regarda, et vit en effet que la bête avait des pieds humains, de jolis pieds fins et menus comme ceux d’une femme.

— Jésus, mon Dieu ! fit-il, quelle espèce d’homme est-ce donc qui te monte ?

— Ce n’est pas un homme, c’est le diable !

— Oh !

— Il s’est arrêté ici, pour aller quérir au manoir l’âme d’une jeune fille qui vient de trépasser. Il la met, en ce moment, dans le sac que tu l’as vu prendre et tout à l’heure il l’emportera en enfer. Tu peux t’attendre à semblable destin, si tu n’as déguerpi avant qu’il nous rejoigne…

Jean-René n’en entendit pas davantage. Il avait déjà pris sa course vers le Faou où il arriva hors d’haleine. Il fut trois jours sans pouvoir parler. Ce n’est que le quatrième soir qu’il trouva la force de raconter aux siens son aventure[1].


(Conté par Nanna Gostalen. — Le Faou, 1886.)


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  1. Cf. A. Orain : Le marquis de Coetenfao, (in Le Monde surnaturel en Haute-Bretagne, Mélusine, III, c. 472-3). — [L. M.]