Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/520

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trouver. Dis-moi, Jean l’Or, est-ce que tu te plais en ce pays ?

— Foi de Dieu, non !

— En ce cas, nous sommes tous deux du même avis. Comme toi, je voudrais retourner en terre bénite, car, comme toi, je suis chrétienne.

— Mais comment nous en aller d’ici ?

— C’est mon affaire. Je te préviendrai, quand le moment sera venu. En attendant, donne-moi chaque jour double ration, non plus d’os calcinés, mais de foin et d’avoine. Il faut que je prenne des forces, car le voyage sera long.

À partir de ce soir-là, Jean l’Or eut pour la bête des attentions particulières.

Plusieurs semaines s’écoulèrent, sans rien amener de nouveau.

Mais un matin la bête dit à Jean l’Or :

— Le moment est venu. J’ai vu tout à l’heure Satan qui allait se promener à pied. Selle-moi donc solidement, enfourche-moi, et partons. Tu emporteras pour tout bagage le baquet dans lequel tu vas nous puiser de l’eau, ainsi que l’étrille et la brosse.

Les voilà en route pour la terre bénite.

Le cheval galopait, galopait. Il galopa tout le jour. Le soir arriva. Le cheval tourna la tête et dit à Jean l’Or :

— C’est l’heure où le diable rentre chez lui. Il sait maintenant notre fuite. Regarde derrière toi. N’aperçois-tu rien ?

— Non, fit Jean l’Or.

Et la bête et l’homme, d’aller toujours.