Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/525

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l’homme. Je suis chargé de liquider la succession. Je dois faire mon métier.

Jean Gomper voulut raconter comme s’étaient passées les choses.

— Ta, ta, ta ! reprit le « sergent »[1], montrez-moi votre papier, si vous en avez un. On ne me paie pas avec des paroles.

Naturellement, Jean Gomper ne put pas montrer de papier.

— Si dans le courant de la semaine qui vient, dit l’homme d’affaires en sortant, vous ne m’avez pas fait tenir, en mon cabinet, la somme de trois cents écus, je mets immédiatement saisie sur vos biens meubles et immeubles.

C’était la ruine, la misère noire pour Jean Gomper et pour les siens.

— Comment écarter ce malheur de notre tête ? hurlait-il.

Et, de désespoir, il arrachait ses cheveux à pleines poignées.

— Dieu n’est pas juste ! Non, Dieu n’est pas juste !

— Commence donc par t’adresser à lui, lui fit observer sa femme. À ta place, j’irais de ce pas trouver le recteur. Je suis sûre qu’il te donnerait un bon conseil.

— Avec un bon conseil on n’a jamais fait trois cents écus, grogna Jean Gomper.

Il n’en suivit pas moins l’avis de sa ménagère.

Le voilà donc de se rendre au presbytère de Dinéault. Le recteur était en train de souper. Mais c’é-

  1. L’huissier, l’homme d’affaires.