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LXXIX

Le voyage de Iannik


Vous n’êtes pas sans connaître le manoir de Kerbeulven[1]. C’est une des plus anciennes et aussi une des plus belles demeures de la paroisse de Penvénan. Les évêques de Tréguier en firent jadis leur résidence de campagne, au temps où il y avait encore des évêques à Tréguier. Avant que ce manoir ne devînt propriété épiscopale, il appartenait à un prêtre libre, qui était en grande vénération dans la contrée et qu’on appelait Dom Iann. C’était le dernier descendant d’une vieille famille noble dont le nom devait s’éteindre avec lui. Il vivait là, en gentilhomme campagnard, et en saint. Il faisait cultiver ses terres par de pauvres gens qu’il empêchait ainsi de mourir de faim et à qui il abandonnait presque tous les produits du domaine. Quant à lui, il passait ses journées en oraison dans la chapelle du manoir, qui sert aujourd’hui de lieu de débarras.

Un pauvre homme vint, un jour, l’y trouver, pour lui demander d’être le parrain de son fils.

— Volontiers ! répondit le saint personnage, et il

  1. Le lieu du peul-ven, du pieu de pierre.