Page:Le Braz - La légende de la mort en Basse Bretagne 1893.djvu/549

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— Lorsque je suis parvenu au sommet de la montagne, j’ai vu, en me détournant, une foule de garçonnets de mon âge qui essayaient aussi, mais en vain, de l’escalader. Je vous avoue que cela m’a été un grand crève-cœur, mon parrain.

— Ce sont les petits garçons qui sont morts avant d’avoir fait leur première communion. Ils ne réussiront à gravir la montagne que lorsque Jésus-Christ frappera trois fois dans ses mains pour les appeler à lui.

— Sur le dos du Ménez, mon parrain, il y avait une chapelle. À l’autel se tenait un prêtre. Il m’a demandé de lui répondre sa messe. Mais à peine ai-je eu le temps de dire « oui » qu’il avait disparu.

— Ce prêtre, mon enfant, c’est moi. Tous ceux d’entre nous qui ont quelque faute à expier attendent, debout sur les marches de cet autel, que l’enfant de chœur qui leur répondait la messe de leur vivant consente à la leur répondre, quand ils sont morts.

— Je suis alors arrivé au carrefour de trois chemins qui semblaient tous prendre la même direction. J’ai eu bien peur de deux hommes qui en défendaient l’accès, avec des faux croisées en l’air.

— Ces trois chemins sont ceux du paradis, du purgatoire et de l’enfer. Les deux hommes qui les gardent sont deux diables. Ils essaient d’épouvanter les gens qui passent afin d’en faire leur proie.

— Ensuite, j’ai vu un château qui paraissait être en feu.

— C’est l’enfer, mon filleul.

— Puis, un second château, mais superbe, cette fois.