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II

L’intersigne de « l’alliance »


Marie Cornic, de Bréhat, avait épousé un capitaine au long cours qu’elle aimait de toute son âme. Malheureusement, par métier, il était obligé de vivre la plupart du temps loin d’elle. Marie Cornic passait ses nuits et ses jours à se repaître du souvenir de l’absent. Dès qu’il était parti, elle s’enfermait dans sa maison, n’acceptant d’autre compagnie que celle de sa mère qui demeurait avec elle et qui la morigénait même quelquefois sur cette affection trop exclusive qu’elle avait pour son mari.

Elle lui disait sans cesse :

— Il n’est pas bon de trop aimer, Marie. Nos « anciens » du moins le prétendaient. Trop de rien ne vaut rien.

À quoi Marie ripostait aussi par un proverbe :

N’hen eus mann a vad ’bars ar bed,
Met caroud ha bezan caret.

« Il n’est rien de bon dans le monde — que d’aimer et d’être aimée. »

La jeune femme ne sortait de chez elle que le ma-