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BIBLIOGRAPHIE DE RIVAROL.

vrage de Sabatier, imprimé non à Hambourg, mais à Altona, est une inepte et monstrueuse volerie. 11 y a mis au pillage, outre les manuscrits de la Souveraineté du Peuple et du Corps Politique, les Carnets et le Discours Préliminaire. Chaque fois que le vol est trop manifeste, en bas, dans une note, il injurie Rivarol, et il l’injurie avec des mots qu’il lui vole. Cela est renversant. Si du moins, il n’était pas un imbécile, s’il n’avait pas fait de tous ses larcins un informe amalgame dont nous ne pouvons tirer aucun parti ! Il explique qu’au temps du Journal Politique National, Rivarol devant qui il avait l’imprudence de penser tout haut, lui prenait ses idées, quelquefois sans les comprendre ! Ce qui achève de le peindre, c’est en tête de son livre (exemplaire de la Bibliothèque Nationale) sa dédicace manuscrite à Napoléon à qui il demande une aumône de cinquante ducats, et en tête de ses Considérations politiques sur les gens d’esprit et de talent (1804), son autre dédicace « à la bien aimée Mme Buonaparte ». Quand il ne vole pas, ’il mendie. Mais j’ai tort de me fâcher : Rivarol nous enseigne sur quel ton il convient de parler de Sabatier. Il dînait un jour avec lui chez la princesse de Vaudemont ; on offrit du saucisson d’âne à Sabatier : « L’abbé n’en mangera pas, observa Rivarol ; il n’est pas anthropophage » (Esprit de Rivarol).

L’édition que Claude-François a donnée en 1831 du discours de la Souveraineté du Peuple renferme une réimpression des dernières pages du Discours Préliminaire (le tableau de la Terreur) ; les vers de Raphaël à son père, et une Êpilre de Claude-François à Rivarol.

2° Pensées inédites de Rivarol.

Un volume in-8, 1836 : la première page porte le nom de l’imprimeur Baudoin, la seconde celui de l’imprimeur Boudon, à Paris. Ceci est encore une publication de Claude-François. Parmi les papiers de son frère qu’il venait de reconquérir, se trouvaient les Carnets et les innombrables petites notes prises au jour le jour, que Rivarol mettait ensuite pêle-mêle dans des petits sacs, « son trésor » ; c’est la matière des Pensées inédites. Par malheur, Claude-François n’a pas été un éditeur très scrupuleux. Il s’est servi, pour composer les soixante-neuf premières pages de son recueil des quatre Carnets qui se sont conservés jusqu’à aujourd’hui dans la famille Tollin ; or, sur les deux cent quatre-vingt-onze Pensées que renferment ces pages, il n’y en a que cinquante-cinq qui soient reproduites avec exactitude et de tout point conformes au texte des Carnets ; des autres, il y en a vingt-neuf qui ne se retrouvent point du tout dans l’original, et deux cent sept qui s’y retrouvent avec une rédaction différente. En général, Claude-François en a retranché toutes les hardiesses qui alarmaient sa conscience de pur royaliste ou de chrétien ; il en a quelquefois changé totalement la signification. Cela suffirait à me rendre suspect le reste du recueil que je ne puis, hélas ! confronter avec le texte même de Rivarol. Ajouterai-je que j’ai examiné la copie manuscrite de Claude-François sur laquelle a été faite l’édition de 1836, et que cette copie