Page:Le Cardonnel - Poèmes, 1904.djvu/15

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VILI.KMOIUE VILLE MORTE Lentement, sourdement, des vêpres sonnent Dans la grand’paix de cette vague ville ; Des arbres gris sur la place frissonnent, Comme inquiets do ces vêpres qui sonnent. Inquiétante est cette heure tranquille.

Un idiot qui va, revient, et glousse, Content, car les enfants sont à l’école ; A sa fenêtre une vieille qui tousse; A l’idiot qui va, revient, et glousse, Elle fait des gestes, à moitié folle.

Murs décrépits, lumière décrépite Que ce Novembre épand sur cette place Sur le balcon, du linge froid palpite Pâle dans la lumière décrépite Et puis, le son des cloches qui se lâssent

Tout a coup, plus de cloches, plus de vieille, Plus d’idiot, vaguement singe Et l’on dirait que la ville someille Plus d’idiot, de cloches et de vieilles, Seul maintenant, le blanc glacé du linge.