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LE CORAN.

pouvoir, et d’un homme libre comblé de nos biens, et qui les distribue en secret et en public : ces deux hommes sont-ils égaux ? Louange au Très Haut ! La plupart sont dans l’ignorance.

78Il propose la parabole de deux hommes, dont l’un muet de naissance, incapable de tout, est à charge à son maître, et ne réussit à rien, et dont l’autre commande le bien, et marche dans les voies de la justice : ces deux hommes se ressemblent-ils ?

79Dieu connaît les secrets du ciel et de la terre. Le jugement universel ne durera qu’un clin d’œil, ou sera plus prompt encore parce que rien ne limite sa puissance.

80Dieu vous a tirés du sein de vos mères, dépourvus de connaissances. Il vous a donné l’ouïe, la vue, et un cœur pour lui rendre grâce.

81Ne voient-ils pas l’oiseau fendre les airs ? Dieu seul peut l’arrêter dans son vol. C’est un signe pour ceux qui ont la foi.

82Dieu vous a donné des maisons pour habiter, et les peaux des animaux pour former des tentes faciles à porter en voyage, et à dresser lorsque vous vous arrêtez. La laine de vos troupeaux, leur poil et leur crin, servent à votre utilité et à votre parure.

83Il a formé pour vous les ombrages et les antres des rochers. Il vous a donné des vêtemens pour vous mettre à l’abri[1] de la chaleur, d’autres pour vous


  1. Gelaleddin pense qu’au lieu de ces mots elhar de la chaleur, on doit entendre elbard du froid. Maracci, suivant sa manière honnête d’expliquer les difficultés, s’écrie : Nimis stolidum facit prophetam suum, qui caloris nomine frigus intelligat. C’est toute son explication, p. 400, réfutation du chapitre XVI. Nous osons croire que Gelaleddin s’est trompé, et que sous la zone torride, les vêtemens sont aussi nécessaires à la conservation de l’homme exposé à l’action d’un soleil brûlant, qu’ils le sont sous la zone glaciale à celle du sauvage enfoncé dans la neige ; du moins l’expérience dépose-t-elle en faveur de ce sentiment. Les Arabes sont toujours couverts de longs manteaux de laine qui arrêtent l’activité des rayons du soleil, et qui les empêchent de brûler au milieu des torrens de feux que réfléchit de toutes parts le réverbère des sables embrasés.