Page:Le Corbeiller - La Question Jean Cousin, paru dans le Bulletin de la Société de géographie, 1898.djvu/3

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farel a rassemblé à nouveau (t. II, ch. x) les probabilités en faveur de la découverte dieppoise, qu’il avait établies dans de précédents ouvrages ; enfin, en 1895, M. Charles de la Roncière, dans un travail sur Les navigateurs français au XVe siècle (Bulletin de géographie historique et descriptive, no 2 de 1895, pp. 183-200), veut expliquer le voyage de Jean Cousin par une confusion avec celui du capitaine de Gonneville, donnée qu’admet comme définitive M. Fernandez Duro (Boletin de la real academia de la historia, nov. 1896, pp. 419-421, La Leyenda de Cousin y de Pinzon como descubridores de America).

La question est-elle définitivement résolue, ou au moins a-t-elle fait des progrès dans ces derniers temps ? Voilà ce que je voudrais examiner.


I


Tout d’abord, pour plusieurs raisons qu’on verra plus loin, je crois bon de reproduire le texte de Desmarquets, la seule autorité sur la matière.

Après avoir parlé de l’armement d’une flottille contre les Anglais, le chroniqueur s’exprime ainsi (Mémoires chronologiques pour servir à l’histoire de Dieppe, et à celle de la navigation françoise ; avec un recueil abrégé des privilèges de cette ville. À Paris, 1785, t. Ier, pp. 91-98) :

« Un jeune capitaine de cette flotte s’étoit distingué par les habiles manœuvres qu’il avoit faites, et par la bravoure avec laquelle il s’étoit battu contre quelques vaisseaux anglois qu’il avoit pris. Le compte qu’on en rendit aux armateurs de Dieppe ne resta point sans aucune distinction méritée ; il étoit trop de leur intérêt d’avoir d’habiles capitaines, pour ne pas accueillir ceux qui donnoient des preuves de leur capacité ; aussi n’hésitèrent-ils pas, tout jeune qu’il fut, de lui donner le commandement d’un de