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Page:Le Correspondant 114 150 - 1888.pdf/153

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ses réflexions. Toujours préoccupé de l’action qui était chez lui inséparable de l’idée, il combinait un plan dans sa tête. La cloche du déjeuner l’interrompit.

— Déjà, dit Bernard. J’avais encore tant de choses à te dire !

Frumand sauta sur son chapeau.

— Ne t’inquiètes pas. Je sais maintenant ce que j’avais besoin de savoir.

— Henri, pourquoi ne restes-tu pas ?

— Parce que, dit, Frumand avec son large sourire, parce que je suis un homme occupé. J’ai beau être actif, ma tête me donne toujours plus d’ouvrage que je n’en peux faire. Aujourd’hui surtout, je ne veux pas être en retard avec ma besogne.

Bernard ne le retint pas davantage. Ils étaient désormais sûrs l’un de l’autre et plus décidés que jamais à lutter pied à pied et côte à côte.

Pourtant, quand il fut seul, en s’en allant à travers le parc, Frumand fut surpris de se trouver abattu. Il ressentait comme une faiblesse de l’esprit, comme une mollesse du cœur. État étrange qu’il ne connaissait point.

Il pensa qu’il avait besoin de se fouetter le sang, et marcha vite.

— Allons, se disait-il à lui-même, tout va bien… tout est bien… Mais réjouis-toi donc, imbécile, puisque tout va si bien !

Jacques Bret.

La fin prochainement.