Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/20

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une conscience morale qui ne rimerait plus à rien, comme il a un appendice du cæcum et des dents de sagesse. Ces organes rudimentaires ou superstitions (au sens étymologique du mot) ne disparaissent pas aisément ; ils disparaissent cependant à la longue, et, si l’on veut discuter impartialement l’utilité sociale de l’idée de Dieu, il ne faut pas manquer de tenir compte des caractères introduits dans la nature de l’homme actuel par les croyances ancestrales. De ce qu’un athée fils de croyants est honnête, on n’a pas le droit de conclure qu’un peuple d’athées resterait éternellement honnête, pourvu, bien entendu, qu’on ait démontré le rôle des croyances religieuses dans la genèse des sentiments d’honnêteté, qui tirent peut-être leur origine de nécessités sociales.

Mais j’oublie que tout le monde n’admet pas l’hérédité des caractères acquis et son rôle dans la formation des espèces ; il est bien difficile à un homme vraiment pénétré de certaines notions, d’en faire abstraction pour discuter les idées des autres. Il faudrait que les croyants, pour discuter les athées, pussent oublier qu’ils sont croyants, et que les athées renonçassent à leur athéisme pour discuter la valeur de la foi. Or cela n’est pas seulement difficile, cela est impossible, puisque, chez les uns et chez les autres, la croyance et l’incrédulité font partie du mécanisme pensant.