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du rêve que je viens de peindre et qui avait échauffé mon imagination.

Tout en dormant, j’avais probablement détaché les boutons qu’une ridicule décence a sans doute inventé pour emprisonner l’instrument de notre être ; ma main, qui cependant n’était pas faite à cet exercice si fréquent dans le jeune âge, s’était emparée de cette cheville, et quand je songeais que je dévorais de baisers les charmes de ma Constance, j’avais frotté et refrotté mon nerf érecteur de telle manière que mes cuisses étaient couvertes de cette essence prolifique que j’avais cru darder dans l’intérieur du bijou séduisant de ma divinité.

Je frémis en examinant l’état où j’étais et ce que je devais appréhender de la fureur de mon régent ; je reportai mes regards sur lui, mais je ne distinguai pas dans les siens le courroux que je lui supposais. Cette vue me calma, et j’écoutai sans trouble le discours indulgent qu’il m’adressa :

« Eh quoi, jeune homme, à peine êtes-vous au monde que les intentions de la nature se manifestent en vous et que vous vous livrez à ces excès ; ignorez-vous les dangers auxquels vous vous exposez, et qu’une jouissance prématurée