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un zélé partisan de la débauche. C’est ce que nous ne tardâmes pas à prouver l’un et l’autre en nous faisant mille infidélités ; mais ce qui paraîtra sans doute plus étonnant, c’est que nous le sûmes, et que loin de nous quereller, nous en plaisantâmes et ne nous gênâmes point.

Ma mère avait à sa table un espèce d’abbé, plus savant sur le code de Cythère que sur le rituel ecclésiastique, et qui avait prêté plus de serments aux genoux d’une jolie femme que sur le décret de la Constitution ; il est vrai que pareils serments étaient aussi faux que ce dernier l’aurait été. La politique ou l’intérêt en auraient rédigé tous les articles, mais cela ne doit point étonner, l’agent sacerdotal, en recevant les ordres sacrés d’un prélat ambitieux, a toujours formé intérieurement le dessein de sacrifier son honneur et sa religion à ces deux passions, et l’abbé de Gerville était de cette trempe.

L’abbé de Gerville endoctrina Constance ; je le sus et j’en plaisantai. Si quelque chose me chagrinait dans cette escapade de ma jeune amante, c’était d’avoir pour rival un faquin d’ecclésiastique, un intrigant en manteau court, qui n’avait, comme la plupart de ses dignes confrères, d’autre