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sebois s’éclipsa et fut sans doute trouver Jolival pour battre avec elle sur son tambourin, et nous laissa le reste de la nuit, Emilie et moi, en liberté de renouveler nos scènes lubriques.

Je me suis déjà déclaré comme l’ardent ami des plaisirs libertins ; mais comme l’ennemi de la constance ; en moi, toute espèce de jouissance éteignait le désir, et je regardai comme un très-grand avantage la translation d’un régiment d’une garnison à l’autre. Je profitai de sa marche pour obtenir un congé de semestre, dont j’employai les premiers mois à visiter mon pays, où l’on n’avait pas encore reçu de nouvelles de Constance et où l’on ne s’occupait même plus d’elle. Quelques affaires qui y rendaient ma présence indispensable étant terminées, je volai à Paris, dans ce séjour que je brûlais de voir. Un pressentiment secret m’annonçait que j’y retrouverais l’objet de mes premières amours, et ce pressentiment se réalisa, comme on le verra par la suite de ces mémoires.

À mon arrivée dans la capitale, les suites funestes de la Révolution y avaient mis tout en désordre. Le peuple criait famine et les guinguettes étaient toujours remplies de la plus vile portion de la populace ; les agioteurs et les infâmes ven-