Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
151
GRAND-LOUIS L’INNOCENT

donnaient un conseil par ci, un encourage­ment par là. Et comme l’hiver était plu­vieux, et l’abbé bien des fois trempé malgré le macfarlane, ils disaient : « Le pauvre diable en a son content ! » Mais il y avait dans leur voix plus d’amusement que de commi­sération. C’était un solide gaillard, et chacun d’eux savait par expérience que la pluie de la mer ne tue pas son homme. Ils avaient comme lui reçu bien des averses et éprouvé une sorte de joie mêlée de défi à les sentir ruisseler entre leurs épaules sans que la besogne en fût interrompue. Quelques-uns, bien sûr, n’étaient pas fâchés que la pluie traversât une soutane aussi bien qu’une veste de toile.

Ce fut dans cette crique, au pied du promontoire de la lande, que se noua l’amitié de l’abbé Alain, vicaire de première classe, et de Grand-Louis l’Innocent.

Aux premiers coups de marteau, un matin qu’Ève et lui retenus à la maison par la pluie se penchaient avec ferveur sur le syllabaire, ils n’avaient pas eu besoin de se consulter pour galoper jusqu’au bout du promontoire, et aller voir ce qui menaçait la paix de leur domaine.

L’envahisseur était l’abbé Alain, nu-tête, couvert de vase, et qui regrettait à ce moment-là de n’être point un simple matelot