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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

pliée avec application. Elle redescendit en laissant la porte ouverte.

Il fut quelque temps sans reparaître. La lande devenait fermée, hostile, énervante par sa stabilité même. Elle formait un bloc dur au bord de la côte. Rien ne l’ébranlait. Seuls, le facteur dans sa tournée quotidienne et Vincente, la femme de ménage, poussaient la barrière.

Un jour, à la tombée de la nuit, elle l’aperçut dans la grisaille, à travers les vitres.

Il regardait la maison d’un air attentif, en prêtant l’oreille, et lorsqu’elle lui fit signe d’entrer, elle eut l’impression qu’il prenait son visage à deux mains pour l’examiner de plus près. Il scrutait son regard, la recon­naissait par degrés. Elle se dégageait de la brume. La douceur qu’elle lui avait témoi­gnée réchauffait l’atmosphère dormante de sa mémoire, et ayant senti le joyeux bon­dissement d’un accueil autour de lui, il franchit le seuil devenu familier.

Il s’assit devant le feu avec un soupir. Une lourde main sembla s’abattre sur ses épaules. Au dehors, il s’identifiait avec la nature, subissant comme elle les duretés des saisons auxquelles il opposait la même pas­sive résistance. Il y avait entre elle et lui