Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/165

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font l’unanimité autour de leur mémoire et, par une ironie de la destinée, il est en même temps de tous nos héros celui dont l’histoire est la plus embarrassée de légendes, la plus semée d’énigmes et de chausse-trappes.

M. Émile Chasles l’a appelé quelque part l’homme-mystère. Et cette appellation rocambolesque est largement justifiée par les brumes qui entourent son berceau et qui continuèrent d’envelopper sa vie, comme ces nuages de la mythologie homérique qui cachaient la présence d’un dieu. J’entends bien que, pour les Carhaisiens, il ne fait aucun doute que la Tour d’Auvergne leur appartienne. N’ont-ils point conservé le registre de baptême sur lequel fut inscrit, à la date du 23 décembre 1743, celui qui devait être le premier grenadier de France et qui ne portait encore que les prénoms de Théophile-Malo, fils légitime de noble maître Olivier-Louis Corret, avocat à la cour, sénéchal de Trébrivan, et de dame Jeanne-Lucresse (sic) Salaün, son épouse[1] ? L’authenticité de l’inscription n’a jamais été contestée. Mais, de ce que La Tour d’Au-

  1. Voir, sur la famille Salaün du Rest et ses branches collatérales, la communication faite par M. Trévédy à la Société archéologique du Finistère (1906). L’érudit et consciencieux magistrat y a établi que le premier du nom, Pierre Salaün, vivait (seconde moitié du XVIIe siècle) dans une terre dite du Rest, dont il prit le titre. Son fils, Théophile, suivit la carrière des armes et eut un fils, Charles, qui fut avocat au Parlement et conseiller du Roy. C’est la fille de ce dernier, Lucrèce, qui épousa Olivier Corret, avocat, dont l’aïeul, Henri, était fils naturel non reconnu d’Henri de la Tour d’Auvergne, duc de Bouillon.