Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/20

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n’emprisonne pas les cheveux, les laisse pendre de toute la longueur sur l’épaule. À Batz, la chicoloen des jours de fête s’adorne de broderies et de dentelles. Le reste du costume garde sa sévérité monacale. Seules les très jeunes îliennes prennent quelques libertés avec la tradition. Ainsi, à Ouessant, les petits châles d’indienne, qui sont leur coquetterie, combinent ingénieusement toutes les couleurs du prisme.

Jeunes ou vieilles, d’ailleurs, la vie ne diffère pas pour ces îliennes. Quand elles ne sont pas aux champs, elles travaillent devant leur porte à la réparation des filets, sur la grève à la récolte des goémons. Les hommes naviguent ou pêchent. Hardis marins, larges d’épaules, les yeux clairs, le teint cuit par les embruns et les vents, familiers avec tous les écueils de la mer bretonne, aucun temps ne les retient au logis. Ils montent de petits canots gréés en sloops, dont quelques-uns jaugent à peine un demi-tonneau. Dans ces embarcations non pontées, ils s’aventurent jusqu’à 10 milles au large. Ils n’ont cure des avertissements du sémaphore ni — qui pis est parfois — des articles du code qui régissent le droit de propriété. Faut-il rappeler les scènes de pillage qui ont rendu trop fameuses les îles finistériennes ?[1] Dans le Morbihan, toute une population est frappée de discrédit : on l’accuse des plus noirs méfaits, dont le moindre est de draguer les parcs à huîtres pendant la nuit. Qui dit Sinagots là-bas dit forbans. Et Séné n’est qu’une pres-

  1. Voir mon livre Sur la Côte. Chap. : les Pilleurs d’épaves.