Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/266

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Galles. La question des dîmes, toutes proportions gardées, est aux Gallois ce que la question agraire est aux Irlandais. Bien avant qu’elle n’eût pris le caractère agressif qui la distingue depuis 1886, elle avait été pour ce peuple l’un des grands motifs de son repliement systématique. Alors que le clergé officiel se désintéressait des affaires de la principauté et affectait un mépris imbécile pour ses traditions et sa langue, les confessions dissidentes se servaient de cette langue et de ces traditions pour réchauffer le sentiment national par tous les moyens en leur pouvoir : sociétés publiques et privées, eisteddfoddau, revues, journaux, écoles, etc.

On peut dire à ce point de vue que le pays de Galles est l’œuvre du clergé dissident, qui s’est opposé pacifiquement et victorieusement à la conquête anglaise et a, pour jamais, barré la route à l’assimilation. Né du peuple, vivant avec lui et de sa vie, ce clergé n’a pas eu sur la moralité des Gallois — tout bien pesé — une action moins réconfortante que sur leur mentalité politique. L’alcoolisme même, ce chancre des pays celtiques, est en décroissance depuis quelques années dans toute la Galles du Nord. Si les tribunaux civils continuent à ne point chômer, grâce au tempérament processif des Gallois, qui fait de la principauté la vraie terre de promission des solicitors, les tribunaux correctionnels et d’assises sont littéralement réduits à la portion congrue. Il n’y a pas longtemps que, devant le jury de Cardiff, le juge de circuit Shee pouvait s’écrier en pleine sincérité :

« Honneur à la principauté de Galles ! Depuis deux ans que j’y exerce les devoirs de ma charge, je n’ai