Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/349

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Moins favorisé, le puits de saint Cadoc n’attire plus aucun pèlerin, et il est vrai que l’église officielle s’est avisée d’une mesure radicale pour tarir à jamais ses vertus : elle a comblé le trou, bouché l’orifice et encastré dans un mur de soutènement l’arcature qui le surmontait.

À défaut d’un pieux zélateur, quelque antiquaire le remettra peut-être au jour en même temps que l’amphithéâtre où mon guide me conduisit après notre visite à l’église.

Je doute qu’à première vue et si l’on ne m’avait point averti de la destination initiale de cette grande cuve elliptique, à qui un statisticien scrupuleux confère 222 pieds de long sur 190 de large, j’y eusse découvert plus et mieux qu’un abreuvoir desséché. L’herbe la bourrait ; des vaches paissaient à côté. L’une d’elles était même descendue dans le proscenium où, gagnée de somnolence, les jambes molles, elle s’émouchait à petits coups.

— La Table-Ronde ! me dit mon guide.

Et qu’Artur se fût avisé de tenir là les assises de son ordre, il n’y aurait rien d’impossible en effet, si l’ordre de la Table-Ronde avait jamais eu quelque authenticité. Vraisemblablement ce petit chef de bande cambrien dont l’existence n’est plus contestée par personne, mais que l’imagination celtique a démesurément amplifié, ne manqua pas d’approprier à son usage

    lenti dans la seconde moitié du XIXe siècle. Mais il a repris depuis quelques années, sur l’initiative du P. Beauclair, abbé de Sainte-Winefrède.