Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/340

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tes, pour louer sa grâce surannée, ses vieilles rues capricantes, fleuries de coiffes blanches et de tabliers polychromes, sa curieuse place Saint-Michel divisée en deux compartiments les jours de marché : la « Place au Soleil » et la « Place aux Cochons », sa vénérable basilique de Sainte-Croix, bâtie au XIe siècle sur le modèle du Saint-Sépulcre et l’un des très rares spécimens d’église en rotondes que nous ayons chez nous… Quimperlé à lui seul vaudrait le voyage : mais Quimperlé n’est que le plus beau joyau de cet écrin maritime et pastoral où brillent pêle-mêle le Pouldu et ses sables ; Moëllan et ses bruyères ; Beg-Meil et ses chênes ; Rosporden et son étang ; Concarneau, la ville double, l’une close au monde sur son îlot, dans le rude corset de pierre que lui laça le duc Jean III, l’autre, la ville des filets bleus et des « friteries », épanouie au soleil sur la berge ; Pont-Aven, la ville des moulins, qui est aussi et surtout la ville des rochers et des cascatelles, la Belle-au-Bois-d’Amour, rêvant, en coiffes à coques et en collerette tuyautée, dans la fraîcheur verte d’un demi-jour d’aquarium…

Si la Touraine est le jardin de la France, ce pays-ci, de Quimperlé à Landerneau, peut être dit vraiment, avec Gustave Geffroy, le jardin de la Bretagne, un jardin très vieux et très doux, un peu mystique, mais d’un mysticisme encore païen, fidèle, jusque dans la consultation des fontaines sacrées, aux rites de l’antique pégomancie. La mer, qui le baigne, n’y a que des sourires, sauf sur trois ou quatre points de la côte particulièrement exposés : tels le cap de la Chèvre, le « château » de Dinant et la rude barricade de Roscanvel, flanquée par les formidables bastions des Tas-de-Pois, à l’en-