Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA CONVERSATION DE S. VINCENT FERRIER,

De r Ordre des Frères Predtca-cHrs en Bre/o-ne ; sa Mort, Canon-aHon~ e-aucHns Mtrete/es~ !e 5. Avril.

—–––––

YANT entrepris d’écrire les Vies des saints Patrons de la Bretagne Armorique, j’ay crû estre obligé de dire, en cet endroit, quelque. chose du Glorieux S. Vincent Ferrier, l’un des Apostres de cette Province ; non pas que je vûeille réciter sa Vie tout au long, puisque plusieurs Autheurs (1) l’ont amplement

escrite mais seulement (m’arrestant es bornes que j’ay prescrit à cét œuvre), quelque chose des œuvres admirables que Dieu a operé par luy en ce Duché, sa Mort & les particularitez de sa Canonization ce que je feray succinctement, renvoyant le Lecteur à ce qu’en a escrit le R. P. Bernard Guyard, qui l’a récentement extraite des enquestes de sa Canonization & mise en lumière. Cét homme Apostolique, natif de la ville de Valence, en Espagne, ayant parcouru toute l’Espagne, les Isles de Maillorque, Minorque, Sardaigne, Sicile, toute l’Italie, le Royaume de Naples, les Lombardies, le Milannois, l’Estat de Venise, la Savoye, le Piedmont, la Bourgogne, la pluspart des États d’Allemagne, les Païs-Bas, l’Angleterre & la France, faisant retentir toute l’Europe de ses admirables Prédications, vint enfin achever sa course en la Bretagne Armorique, où il arriva sur la fin de l’an 1416, attendu du Duc Jean V qui avoit envoyé vers luy à Nancy, en Loraine, puis à Bourges, en Berry, &, une troisième fois, à Tours, le supplier de venir en Bretagne, faire part à ses sujets des graces dont le Ciel l’avoit avantageusement partagé. IL Il arriva par eau à Nantes, sur la fin de l’an 1416, & fut receu de l’Evesque, Clergé & Peuple de Nantes & conduit en la Ville ; il se logea dans le Convent de son Ordre, où il rendit la veuë à une Dame de Tours, aveugle depuis plusieurs années il Prescha au Cimetiere de S. Nicolas ; & l’année 1418, il Prescha les Advens entiers en l’Église Cathedrale de ladite Ville, à la requeste de l’Evesque de Nantes, Frere Henry Le Barbu, où le Duc & toute sa Cour le furent oûir ; en présence desquels, il guerit un pauvre homme Paralytique & perclus de tous ses membres depuis dix-huit ans, lequel, s’étant fait porter sur le chemin par lequel saint Vincent devoit passer, pour recevoir sa benediction & l’aumône des passans, le Saint, l’appercevant, le choisit parmi tous les autres, & luy dist « Mon amy, je n’ay ny or ni argent, mais je supplie Nostre Seigneur Jésus-Christ de vous donner l’usage libre de vos membres ; » puis, ayant fait le signe de la Croix sur plusieurs endroits de son corps, le guerit sur le champ. III. De Nantes, il vint à Vennes voir le Duc ; lequel, dés qu’il eut nouvelles de l’arrivée du Saint en ses terres, avoit mandé par toutes les Villes par où il devoit passer, qu’on luy fist la plus honorable reception dont on se pourroit aviser. L’Evesque de Vennes, Amaury de la Motte, assisté des Chanoines & Chapelains de sa Cathédrale & de tout son Clergé, le Duc, la Duchesse, les Princes, Prélats, Barons & Seigneurs qui lors se trouvèrent en Cour, luy allèrent au devant, & sortirent demie lieue de la Ville pour le recevoir ; il estoit monté sur un meschant Asne, & ainsi fut conduit en la Ville, suivy d’une innombrable multitude de peuple.

IV. Il alla directement à l’Église de saint Pierre, où il fit sa prière &, encore que le Duc luy eust quitté son Palais de la Motte, & se fust retiré en son Château de l’Hermine, (1) Pierre Rauzane de Palerme en 5l. S. Antonin ; Jean Anthoine Flamine ; Leandre Albert, Salvus, Casseta, Vincent Justinien, François Diagao et Abraham Bzovius tous Religieux de son Ordre, Surius, Ribadeneira et autres. A.