Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/211

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mendians & autres miserables, qui, allans à trouppes se jetter devant le Cercueil du defunt, déploroient la perte qu’ils faisoient de leur Pere nourrissier, Avocat & Consolateur. Il fut dépoûillé de ses pauvres haillons & revêtu d’autres habits ; les siens furent serrez reveremment, hormis une partie qui fut ravie par le peuple. L’enterrement fut solemnellement celebré, & le Saint Corps mis en terre, où il ne fut gueres que Dieu ne l’honorast de grands miracles.

XXVIL 1. Un pauvre homme malade, estant tombé dans le grand puits de Land-Treguer, se recommanda à saint Yves & y demeura sans se noyer, ni aller sous l’eau, jusques ce qu’on l’alla retirer. 2. Un pauvre homme de Nyort, condamné d’estre pendu & étranglé, se recommanda à saint Yves, promettant s’il le délivroit de ce danger, qu’il iroit visiter son Sepulchre : il fut bien pendu ; mais, quelque effort que fit le bourreau, il ne luy pût jamais faire aucun mal, moins encore l’etrangler. 3. Un honneste personnage, nommé Messire Hervé de Kerguezenou, allant par pays, passant un pont nommé vulgairement Pont-Arz, tomba, avec son cheval, dans la rivière fort profonde & rapide, &, ne se pouvant aider, estoit en danger de se noyer ; mais ayant invoqué saint Yves, son cheval bondit horts l’eau & se mit en lieu de seureté ; sa valise de cuir, qui avoit coulé au fond, revint sur l’eau, sans que des papiers de consequence qu’il y avoit fussent aucunement mouillez ny gastez. 4. Un jour, Escuyer Jean de Pestivien & quinze autres personnes, dép]acez du Manoir de Ros-Color pour aller en l’isle de Teven, une lieuë avant dans la mer, furent subitement accueillis d’une tourmente qui brisa leurs avirons, en sorte que le batteau, battu des vagues & entre-ouvert de toutes parts, alloit couler au fond ; en ce pril, ils réclament saint Yves, &, incontinent, leur batteau fut jetté doucement au mesme lieu où ils s’estoient embarquez, duquel ils sortirent tous sains et sauves.

XXVIII. 5. Yves le Terrier & Jean le Tarz, de la Paroisse de Pleumeur-Gautier, avec nombre d’autres, estans en un batteau sur Mer, entre l’Isle de Modez & Lezar-Trew, ayans est surpris d’une cruelle tempeste, furent battus de telle furie, que leur vaisseau coula à fonds & noya tous les autres, ces deux exceptez qui se voüerent à S. Yves. 6. Messire Alain de Kerenrays , Escuyer, & sa femme, voyans leur valet & ]eur cheval emportés du courant impetueux d’une riviere jusques en pleine Mer, les recommanderent à Dieu & à saint Yves, &, tout à l’instant, ils entrerent dans le Havre de Loüaner, Diocese de Vennes, & se sauverent à terre. 7. Dix hommes de la Paroisse de Plou-Pezr firent naufrage entre Bec-Milliaw & le Gueaudet, leur vaisseau ayant esté si furieusement battu de la tourmente qu’il coula à fonds ; en cette extremité, ils eurent recours à Dieu & à saint Yves, lesquels ils invoquerent de bon cœur à leur aide & furent miraculeusement jettez à la coste, sains & gaillards. 8. Messire Guil]aume Tournemine, Seigneur de la Hunaudaye, Diocese de S. Brieuc, tombé, avec son cheval, dans une fondriere és greves de Hilion, en manifeste danger de sa vie, ayant invoqué saint Yves, son cheval bondit hors & se sauva & luy aussi. 9. Un jeune garçon de la Paroisse de Tredarzec, Diocese de Treguer, nommé Alain André, tombé dans la Mer, au port de la Roche-Noire, prés Land-Treguer, en danger de se noyer, fut sauvé miraculeusement à l’invocation de saint Yves. 10. Un batteau, où y avoit grand nombre de personnes, se brisa contre un rocher en pleine Mer, ce que voyans ces pauvres gens, tous d’une voix se recommanderent à saint Yves ; ils allerent premierement à fonds, puis revinrent sus & furent doucement jettez au rivage, sans autre mal.

XXIX. 11. Un certain, nommé Jean le Lièvre, de la Paroisse de Tredarzec, estant allé en Mer, avec plusieurs autres, le batteau, battu des vents & des vagues, coula à fonds & noya tous les autres, luy seul excepté, qui s’estoit recommandé à S. Yves. Somme, il a delivré quatorze de peril de se noyer, soit en eau douce, soit sallée ; à son Sepulchre,