Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les 7, 8 et 9 septembre 1890, dans les premières années de l’épiscopat de Mgr Fallières Saint-Brieuc, des solemnités pleines de foi et d’enthousiasme furent célébrées dans la ville de Tréguier, pour inaugurer le nouveau monument, qui fut bénit par Son Éminence le Cardinal Place, archevêque de Rennes, assisté de Mgr Fallières, de Mgr Bécel, évêque de Vannes ; Mgr Freppel, évêque d’Angers ; Mgr Potron, évêque de Jéricho ; et Mgr Gonindard, archevêque de Sébaste, coadjuteur de Mgr l’Archevêque de Rennes.

Voici rapidement la composition de ce tombeau : sur trois marches de granit bleu et un soubassement de granit poli s’élève un sarcophage en pierre blanche, banc royal de Confians couronné par une table aussi en granit poli. Sur cette table, la statue couchée de saint Yves en marbre blanc, la tête posée sur un quartier de roche que soutiennent deux anges. Cette statue est l’œuvre de M. Valentin, sculpteur breton. Autour du sarcophage, dans des niches gothiques, sont quatorze statuettes représentant les parents, les amis et les dévots du Saint : Hélori, seigneur de Kermartin, son père ; Azou, sa mère et Catherine Hélori, sa sœur ; Rivallon le jongleur ou ménétrier et sa femme Panthoada ; Charles de Blois et l’évêque Alain de Bruc ; Maurice, archidiacre de Rennes ; Guiomar Morel, le cordelier de Guingamp, et Catherine Autret, la jeune miraculée de Plestin ; enfin les glorificateurs du Bienheureux : Philippe de Valois et Clément VI, Jean V et l’Evêque de Saint-Brieuc et Tréguier, Monseigneur Bonché, l’initiateur de l’œuvre.

Au dessus du sarcophage s’élève un riche édicule formant un magnifique dais de pierre, porté par six contreforts on pilastres soutenant des arcades toutes sculptées et toutes dentelées, surmontées elles-mêmes par des tympans aux pignons aigus au haut desquels, pour leur donner encore plus d’élancement, se dressent des statues d’anges aux ailes éployées. Dans les niches des pilastres sont les statues des principaux Saints bretons. D’abord les fondateurs des neuf évêchés de Bretagne : Samson, Pol de Léon, Corentin, Tugdual, Clair, Melaine, Patern, Malo et Brieuc. Ensuite les protomartyrs de l’Armorique, Donatien et Rogatien de Nantes ; les rois bretons, Judicaël et Salomon, et enfin saint Gildas de Ruis, le premier historien de la race bretonne. Au sommet des pinacles, le Bon Pasteur et la Vierge a l’oiseau. Pour avoir une idée complète de ce travail monumental il faut lire la description détaillée qu’en a faite M. de la Borderie et qui a été publiée en 1890 par l’Œuvre de saint Yves a Tréguier.

Ajoutons qu’en ce moment, mars 1900, M. l’archiprêtre Le Goff, l’infatigable dévot de saint Yves, vient de lancer une souscription pour élever au grand thaumaturge une statue colossale dans le cloître de la cathédrale de Tréguier. C’est une noble protestation contre l’entreprise impie qui a voulu, il y a quelques années, placer dans cet enclos sacré la statue de l’infâme Renan.

En bon rang parmi les œuvres ayant trait a la gloire de notre saint, il convient de signaler les Monuments originaux de l’Histoire de Saint Yves, publiés pour la première fois par une réunion de Bibliophiles avec le concours de MM. Daniel, curé de Dinan ; Perquis, professeur au Grand-Sémiaire de Saint-Brieuc ; L. Prud’homme, éditeur ; Tempier, archiviste des Côtes-du- Nord ; précédés d’une Introduction de M. A. de la Borderie, correspondant de l’Institut président de la Société des Bibliophiles Bretons.

Cette publication, parue en 1885-1886, comprend :

1o Introduction, par M. Arthur de la Borderie ;

2o Enquête pour la Canonisation de saint Yves, édifiée à Tréguer en l’an 1330 : texte complet des 243 témoins ;

3o Rapport des Cardinaux sur cette enquête, présent au Saint-Père, en l’an 1331 ;

4o Bulle de Canonisation de saint Yves (1347) ;

5o Office primitif de saint Yves, composé avant 1350, tiré du Légendaire de Tréguer.

Après ce monument scripturaire, il faut en citer un autre, qui est une gloire pour notre époque et pour le gentilhomme qui l’a composé : La Légende Merveilleuse de Monseigneur sainct Yves, par le Vicomte Arthur du Bois de la Villerabel. — Illustrations de Paul Chardin. Rennes, Hyacinthe Caillière, libraire-éditeur, l’an M DCCC LXXXIX. Cette date de 1889 est certai-