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LA VIE DE S. MËEN,

Confesseur, Fondateur et premier Abbé du Monastere de Gaël, le 21. Juin.

AiXT MÉEN estoit natif de la province de Cambrie, autrement nommé SudÏVaHto, en l’Isle de Bretagne. Ses parens demeuroient en une Ville aux quartiers de Went, qui s’appelloit Or~/t, & estoient proches parens de saint Samson, Archevesque d’Yor/c/t, en Angleterre, puis de Dol, en Bretagne

Armorique (1). Ils furent soigneux de bien élever la jeunesse de leur enfant, l’apprenant, tout petit qu’il estoit, à prier Dieu à quoy il se rendoit fort prompt. Il fut, puis après, envoyé à l’écolle, où il s’adonna tellement à l’étude, & des lettres Se de la vertu, qu’il laissoit loin derriere soy tous ses condisciples, sans pour cela, en rien, se préferer à eux, ny s’en gloriner en façon quelconque, ayant jetté dans son cœur de profondes racines d’humilité.

II. Estant sorty des écolles & retourné chez son Pere, ses Parens esperoient joüir de sa douce présence, & le retenir prés d’eux pour soigner leurs affaires ; mais luy qui estoit touché de Dieu & appellé à plus haut degré de perfection, ayant supplié humblement Nostre Seigneur de le conduire & mettre au chemin de son salut, se déroba d’eux & alla trouver son Oncle saint Samson à Yorkh, duquel il fut receu à bras ouverts, le saint Prélat sçachant bien qu’il estoit guidé de l’esprit de Dieu, & que ce devoit estre, un jour, le père de plusieurs bons Religieux, qui travailleroient à bon escient en la vigne du Seigneur. Il fut quelque temps au Monastere en habit Seculier, entendant la doctrine de son Oncle & servant aux Religieux, jusqu’à ce qu’ayant fait preuve de sa vertu, patience, perseverance & devotion, il fut vestu par saint Samson, qui aussi le receut à Profession, &, le voyant croistre à veuë d’œil & s’avancer de vertu en vertu, luy confera tous les Ordres & enfin la Prestrise.

III. Quelque temps après (2), saint Samson, ayant receu commandement de Dieu de passer en nostre Bretagne Armorique, fit choix d’un bon nombre de ses Religieux, lesquels il jugea plus propres à la conversion des Ames du nombre desquels fut l’heureux Méen. Ils passèrent la Mer & abordèrent au rivage de Bretagne, où saint Samson, ayant fait plusieurs miracles, fut le très-bien venu &. entra si avant és bonnes graces des habitans, qu’ils luy aidèrent, de bon cœur, à bastir un Monastere pour soy & ses Religieux, en la ville de jKer-/emtteun (on la nomme à présent Land-meur, distant deux lieuës de Morlaix), là, où s’estant resserré avec ses Moynes, il vaquoit à continuelles prieres & autres saints exercices, preschant, instruisant & Catechisant le peuple qui, à troupes, le venoient trouver. Mais Dieu, pour luy donner occasion de plus travailler pour sa Gloire & le salut des Ames, permit que tous les Evesques de Bretagne (la pluspart ses Compatriottes, réfugiez de l’Isle comme luy) l’éleurent volontiers pour leur Metropolitain, luy deferant la mesme preséance & ; authorité sur eux, qu’il avoit, en l’Isle, sur ses suffragans, estant Archevesque d’Yor-A. Alors, il institua saint Magloire Abbé de Xer’/eunfetM & continua à communiquer aux peuples circonvoisins la clarté de sa Doctrine Celeste.

IV. Il jugea incontinent que Méen, son Disciple, estoit propre à telle conqueste, c’est (1) Comme nous le verrons dans la Vie de ce saint, il ne fut nullement archevêque d’York, mais il est vrai qu’il reçut la consécration épiscopale de l’autre côté du détroit ; it fut abbé-évêque. A.-M. T. (2) M. A. de la Borderie fixe cette émigration au milieu du Yt* siècle (548-550). A.-M. T.