Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/341

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA VIE DE S. THURIAN.

des Evesques de Nantes, et le R. P. du Pas, au Catalog. des Evesques de Nantes, à la fin de son Histoire Geneal. des Illustres Maisons de Bretagne ; Surius et René Benoist en la vie de saint Herblon, le 25 Mars.

LA VIE DE SAINT THURIAN OU THIVIZIAU,

Archevesque de Dol, Confesseur, le 13. Juillet.

u temps que l’Église de Dol estoit Gouvernée par saint Armahel (1), environ l’an de grâce 705, sous le Pontificat de Jean VII, & de l’Empire de Justin II. pour la deuxième fois, durant les troubles qui survindrent en Bretagne après la mort du Roy Alain II. du nom, surnommé le Long, nasquit saint

Thurian (2), de Parens riches & moyennez, lesquels demeuroient en un Village dépendant du Monastere de saint Samson, jadis Archevesque de Dol (3). Ne faisant encore que sortir d’enfance, touché de Dieu, il conçut un saint mépris des choses terriennes, élevant son esprit aux Celestes & Eternelles, &, voulant servir parfaitement à Dieu, libre de tous les embarras & empeschemens, il sortit de sa maison paternelle en habit déguisé, & se rendit en la Cité de Dol, alors Metropolitaine de la Bretagne Armorique, où il visita, en grande reverence & devotion, le Sepulchre de saint Samson, auquel il portoit une speciale devotion, fréquentant souvent son Église, & priant à son Tombeau ; ce qu’ayant remarqué un bon personnage de Dol, voyant la modestie, simplicité, innocence & pieté de ce jeune enfant, il le prit en affection, Pammena chez luy, & l’envoya aux champs, en une sienne métairie, garder ses brebis, présage qu’il devoit un jour estre Pasteur, non de brebis & animaux, mais d’hommes (4).

II. Ayant, quelques mois, exercé ce mestier, son maistre, s’appercevant que son bel esprit & jugement relevé requeroient de plus hautes & nobles occupations, l’interrogea s’il vouloit point étudier ; à quoy s’estant résolu, il fut donné en charge à un Clerc, qui luy enseignoit quelques heures du jour. Le saint Enfant ne manquoit à se trouver à l’écolle aux heures prescrites, étudiant diligemment les leçons que son maistre luy assignoit, &, dans peu de temps, il apprit parfaitement la Grammaire, & ne laissoit pourtant d’aller à la campagne mener ses brebis paître &, pour passer le temps & s’exciter à devotion, il chantoit des Psaumes & Hymnes Ecclesiastiques, & prioit continuellement, s’exerçant comme s’il eust esté enfermé dans un Monastere. (1) Surius le nomme Tiarmatllus. A. Par cela même que saint Turiau a succédé à cet évêquo Armaël (et mieux Tighernomael ou Tiennael) il est possible de déterminer l’époque de son épiscopat M. de la Borderie le fixe à la moitie du VIIe siècle ; déjà Dom Lobineau avait remarqué que si on le plaçait dans le VIIIe s.ècle c’était très arbitrairement, sans aucun motif plausible. A.-M. T.

(2) M. de la Borderie reproche aux Bollandistes d’avoir reproduit la forme Turianns ; la seule forme réguliere serait Turiavus, en breton Turiaiv ou Turiau. A.-M. T.

(3) Juxta Monasterium Vallone nuncupatum quod subditum est potestati Monasterii S. Samsonis. Breviaire Léon. Z I. – A.

(4) Albert est ici incomplet et inexact le père de saint Turiau, Lelian, et sa mère Magcen, établis dans un bel endroit de la forêt de Brecilicn, élevant des troupeaux dont ils confièrent la garde au saint enfant, négligeant tellement son éducation qu’ils ne lui firent même pas apprendre à lire mais doué d’une intelligence tres ouverte, se sentant fortement altéré par les choses de l’esprit il alla réclamer les leçons des moines de Baulon, petit monastere place sur la libiere est de la forêt, et sur la limite d’une paroisse qui du nom du petit écolier, s’appelle aujourd’hui Saint-Turial (Uist. de Biet., A. de la Bordeiie, T. I, p. 490). A.-M. T.