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N. Rosenzsweig. Dom Plaine ne parle pas de la chapelle de Saint-Cadou en Gouesnac’h ; elle est placée dans un endroit charmant, au fond d’une anse formée par l’Odet (rivière de Quimper), à peu de distance de son embouchure. Il y a trente ans, cette chapelle possédait un lambris enrichi de très curieuses peintures représentant des scènes de la vie de saint Cado. Sous le prétexte que le pardon y amenait certains abus, on le supprima ; la chapelle abandonnée fut bientôt une ruine et un jour la toiture s’écroula, entraînant dans sa chute le lambris avec ses belles peintures. La chapelle a été restaurée, le pardon rétabli, et avec lui les luttes des jeunes paysans ; puisqu’elles ont reparu, ce n’était donc guère la peine de livrer à la destruction l’ancienne chapelle ; il aurait suffi d’empêcher les braves lutteurs du beau pays de Fouesnant de changer leurs honnêtes amusements en scènes de sauvagerie.

En Melgven (doyenné de Bannalec, diocèse de Quimper) la chapelle de Coatampodou dédiée à saint Cado relevait jusqu’au Concordat de 1801 de la paroisse de Cadol qui probablement tirait elle-même son nom du nom de l’évêque martyr. Autre chapelle à Moëlan.

On trouve des statues de saint Cado dans les églises et chapelles désignes plus haut, et en outre & Kerpert (XIe siècle), Saint-Michel-en-Grève, Plestin, Ploumiliau (diocèse de Saint-Brieuc) ; Plouarnel-Quiberon (diocèse de Vannes) ; à Landrévarzec, dans la chapelle de N.-D. de Quilinen (XVe ou XVIe siècle), Plogonnec, église paroissiale (statue de la même époque) ; Redené, chapelle du château de Rosgrand ; église de Leuhan et une belle peinture sur le lambris de l’église du Bodeo, enfin, dom Plaine cite une dernière statue, mais qui n’existe plus dans la nouvelle église de Moëlan (diocèse de Quimper).

Une disparition regrettable, c’est celle des deux crosses en bois, de saint Cado, naguère exposées dans la chapelle de Rosgrand où je les ai vues plusieurs fois.

Le nom de Saint-Cadou a été donné a une anse située près de Carnoet, sur la Léta, rivière de Quimperlé.


SAINT CADO & LES CHEVALIERS BRETONS DU COMBAT DES TRENTE (A.-M. T.).


D’aprés le Barzaz-Breiz, voici ce qu’ils chantaient en marchant contre les Anglais :

Seigneur saint Kadok, notre patron, donnez-nous force et courage, afin qu’aujourd’hui nous vainquions les ennemis de la Bretagne.
Si nous revenons du combat, nous vous ferons présent d’une ceinture, et d’une cotte d’or, et d’une épée, et d’un manteau bleu comme le ciel ;
Et tout le monde dira en vous regardant, ö seigneur saint Kadok béni : « Au paradis comme sur terre, saint Kadok n’a pas son pareil ! »

Après avoir cité ces strophes, expression de la confiance, M. de la Villemarqué ajoute :

« Vainqueurs dans ce combat fameux où Beaumanoir buvait son sang, les chevaliers bretons acquittèrent fidèlement leur vœu :
Il n’eût pas été l’ami des Bretons, celui qui n’eût point poussé des cris de joie en voyant revenir nos guerriers, des fleurs de genêt a leurs casques ;
Il n’eût pas été l’ami des Bretons ni des saints de Bretagne non plus, celui qui n’eût pas béni saint Kadok, patron des guerriers du pays ;
Celui qui n’eût point admiré, qui n’eût point applaudi, qui n’eût point béni et qui n’eût
point chanté : « Au paradis comme sur terre, saint Kadok n’a pas son pareil. »

D’après ce que j’ai dit plus haut, on peut voir que le protecteur des vaillants chevaliers d’autrefois est invoqué aujourd’hui par les lutteurs de nos pardons ; on lui demande aussi, non seulement la rigueur et la souplesse dans les membres, mais la pureté dans le sang. V. r S.