Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/608

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VIE DE S. MELAINE. 569 chanta sa esse deux ans aprds, qui rut l’an 487 &; le 25. de son age; & l’Abb6 du Monastere estant deced6 peu de temps aprds, il fur dieu ensa place par la commune voix de tous ses confreres, lesquels se soumirent ,/i sa direction & le eontraignirent d’accepter son dlection, sans avoir 6gard /t ses raisons, & le menerent vets l’Evesque Diocesain, qui le benit & le renvoya en son Monastere, duquel il prit possession l’an 491. au contentement de tous eeux qui le connoissoient. Melaine, se royant 61ev en cette Dignitd, expos6 aux yeux de ses confreres, chartgee entierement de manicrc de -/ie, & celuy qui lors n’avoit charge que de soy-mesme, se tenor clos &; serf6 dans sa Cellule, devint soigneux et igilant sur son troupeau. II estoit prudent, discret, doux & affable, charitable envers un chacun, debonnaire & indulgent ’k autruy, mais severe ’h soy-mesme; il reprimoit, par ses charitables corrections, les plus revesehes, encourageoit les vertueux, exciteit les pusillanisnes, confirmoit, par son ben exemple, les parfaits, gottvernant son Monastere avee la satisfaction de ses Religieux & l’ddification des Seculiers qui le venoient visiter, & se retiroient, le plus souvent, nayfez du desir de servir Dieu dans son Ordre & sous son obeissance. IV. Dieu luy aveit donn6 une vertu particutiere centre les illusions des diables, lesquels ne se pou,oient tenir cachez, ny deguisez ensa presence. Un jour, promchant dans le bols de son Monastere, il fit renoentre de l’ennemy du genre humain, ddguis6 sous la figure d’un tauteau noir, les comes prodigieusement grandes & aigiies, les yeux estincelans en la teste, tout 6chauffa & en furie. Saint llelaine l’arresta & luy demanda o/t il alloR: le Diable, fore6 par la vertu et commandement du saint Abb6, luy dit qu’il alloR an Monastere pour faire boire aux Religieux d’une certaine potion qu’il leur aveit brassde; &, ayant rendu eette rponse, s’encourut vets le Monastere. Saint Melaine, craighaut qu’il ne dressast quelque embusche ses h-eres, se hasta de le devancer, &, ayant fait sa priere dans l’Eglise, il sortit dans la tour du Monastere & rid tm des plus anciens moynes de l’Abbaye, qni tireit de l’eau du puits, &; le diable auprfis, qui Iuy faisoit faire mille grimaces & tasehoit a luy persuader de se jetter dans l’eau. Saint Melaine, considerant la mine & contenance de son moyne, se douta, incontinent du fait, & qu’il estoit tbsed; il s’approcha de luy, &, inspir6 de Dieu, il luy deschargea un soufilet sur la jou, dent le diable, eonfus et 6cornd, lascha prise & s’enfuit, laissant, ddsormais, ce moyne en patience. �. Pendant que S. Melaine gouvernoit son Monastere avec grande 6dification de tout le monde, saint Amend, Evesque de Rennes, tomba lnalade & cut revelation de son prochain decds, & qu’il eft t noramet pour successcur t sa Dignit6 l’Abb6 Melaine: le saint Pr61at n’y voulut manquer, & fit appeler le Saint, lequel vint le trouver, avec quelques uns de ses moynes, &, apres les salutations & saints eolloques, S. Amend luy declare la revelation qu’il axoit eu, & que la volout6 de Dieu estoit qu’il prit le soin & la charge do son troupeau, l’exhortant t entreprendre ce faix, quoy que pesant, lnais routeslois necessaire pour regir les Ames & les eonduire au Ciel. S. Melaine, qui ne pensoR /t rien roeins qu’/t cela, s’excusa envers S. Amend, luy representant son insuffisance & incapetit6 pour exercer les fonctions d’une Dignit6 si relevde; mais il n’y gagna rien, car l’Evesqne le retint ensa maison, luy dit taut de raisons & le pressa si puissamment d’accepter eerie charge, qu’il ne luy tessa, ny unit ny jour, taut qu’il luy cut fait eonsentir; &, alers, remereiant Dieu d’avoir si bien pourveu h son troupeau, il rendit FAme & fur solemnellement enterr6 ensa Cathedrale, &, depuis, ses salutes Reliques furcut leves de terre & reveremment port,es en l’Abbaye de saint Melaine ls Rennes, off elles sent gardcs en grande reverence. Quarid les Religieux de son Monastere sceurent ee qui s’estoit passfi entre S. Areand & S. Melaine, & qu’il aveit, par importunit6 dudit Evesque, consenty h son Sacre, ils furcut saisis d’un extrbme regret; tunis, au