Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/803

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permettre de poser le pied en cette Ville, la nacelle s’arresta miraculeusement au milieu de l’eau. Un volcur ayant alerob6 les ustenciles de ces leligieux, pendant qu’ils etoicnt en l’Eglise ’ prier Dieu, & h leur retour ne les trouvant plus, ils en avertirent leur Abbé, qui s’en retourna promptement au Sepulcre de S. Martin pour luy faire scs plaintes, de ce qu’il n’avoit pas gardé ses hardes, & celles de ses Religieux pendant qu’ils veilloicnt aupr6s de ses leliques. Chose 6tonnante! aussi-tost le volcur sc sentant cornroe fofiett6 rudement par tout le corps, il declara le lieu off il les avoit cachées.

XI. J’en obmets plusieurs autres pour reciter celle qui nous touche plus de près, qui est que s’étant embarqué pour se retirer de Nantes pour aller dans l’Irlande, ce Grand Saint étant un peu é1oigné sur la met, & regrettant de quitter si-tost la Bretagne, ne voulut pas luy dire adieu si promptement ,: desireux qu’il étoit de luy faire du bien, voulut retourner d’ofi il avoit patti, ceux qui le conduisoient en Irlande au lieu de son exil, ne purent jamais faire avancer le vaisseau, & les executeurs des arrets de sa Majesté, royant tant de prodiges, n’oserent davantage s’opposer A Ia volont6 de Dieu, qui vouloit que la Bretagne compt au hombre des graces & bien-faits qu’elle revolt de luy, la faycur qu’il luy fist de permettre qu’elle-fur encore une fois honor6e de la presence d’un si Grand Saint. Ces satelites donc font prendre terre & mettent S. Colomban en liberr6 d’aller par tout off il luy plairoit. Le Saint toutjoyeux prit Ie chemin vets Nantes, off érant arrivé il y séjourna quelque temps. Je ne trouve point quels Miracles il fist son retour, soit qu’ils n’ayent pas esté remarquez, off bien que Dieu les reservfit la vertu dcses leliques qui reposent en la Bretagne off il s’opere platost une continuation de Miracle, qu’un Miracle particulier, comme nous dirons à la fin de cette Histoire.

XII. Après son séjour de Nantes, il alla trouver Clotaire second fils de Chilperic, qui pour lors regnoit en Loraine, qui le rebut honorablement, & luy promit de le faroriser en tout ce qu’il seroit possible, /t cause des Vertus qui paroissoient en luy avec 6clat. Ce Saint craignant que s’il sejournoit plus long-temps en France cela ne fat cause de quelque different entre luy & Theodoric loy de Bourgogne, il voulut se retirer de son Royaurae, se contentant, qu’apr6s luy avoir pr6dit que dans trois ans il jouiroit des Estats de ses deux cousins: savoir, Theodoric & Theodebert, il le pria de luy moyenner le passage par les terres du mme Theodcbert, pour passer en Italie. Clotaire n’y manqua pas, & luy dormant des gens pour le conduire en Italie, ils prirent le chemin vets Paris. A la porte de la Ville il chassa un demon fort furieux du corps d’un pauvre hornroe, luy commandant avec autorit6 de ne pas rester davantage dans ce corps qui avoit cst6 lay6 par le Baptesme de JESUS-CHRIST. De lh ils allerent jusques Meaux, off le Comte Alneric renvoya les officiers de Clotsire, & se charges de conduire le Saint au Roy Theodebert, cependant il le retint chez soy afin de jofir quelque temps de sa presence, & qu’il benit route sa famille, particulierement sa Fille Fare que quelques-uns ont nomm6e Bourgon- dofore, qui n’6toit encore qu’un Enfant, 8 qui depuis a est6 une sainte Religieuse & Abbcsse. I1 visits aussi le Seigneur Authaire ensa maison de Vulsi sur Marne, oh iI donna sa benediction t trois de ses Enfans, l’un desquels 6toit saint Ouch, depuis Chanceiier de France, Archevesque de Rohen.

XIII. Enfin, il alla au Palsis de Theodebert, qui l’accueillit avec route la courtoisie possible, le conjurant de ne point passer outre, mais dd demeurer dans les terres de son Royaurae, off iI trouveroit des campagnes assez ampies pour semer la Parole de l’Evan- gile. Le Saint royant l’occasion d’augmenter la Gloire de Dieu, y consentit, fi condition que le Roy suiveroit ses conseils. I1 choisit sa demeure pr6s la ville de Brigents, le long du Rhin. I1 se mir t prescher l’Evangile par tout ces Pays, off des personnes milllets se rendirent au giron de l’Eglise, tant idolfitres que d’autres, qui apr6s le Baptesme s’6toient laissez infecter du yenin de l’heresie. I1 employa trois ans cnce pieux Exercice;